Page:Chateaubriand - Œuvres complètes t1.djvu/302

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232 REVOLUTIONS ANCIENNES.

J'examinai mon journal , et je trouvai que Cernes devoit être située sur la côte opposée à Carthage : la distance de cette île aux Colonnes d'Hercule , étant la même que celle de ces mêmes colonnes à Carthage.

Nous reprîmes notre navigation, et, après avoir traversé une rivière appelée Chrèles , nous entrâ- mes dans un lac, où se formoient trois îles plus considérables que Cernes. Nous mîmes un jour à parvenir de ces îles jusqu'au fond du lac. De hautes montagnes en bordoient l'enceinte ; nous y rencon- trâmes des hommes couverts de peaux et habitants des bois, qui nous assaillirent à coups de pierres. Longeant les rives de ce lac, nous touchâmes à un autre fleuve large , couvert de crocodiles et de che- vaux-marins. De là nous revirâmes et gagnâmes l'île de Cernes.

De Cernes,' portant le cap au Sud, nous ran geâmes pendant douze jours , une côte habitée par des ^Ethiopiens qui paroissoient extrêmement ef- frayés , et se servoient d'un langage inconnu même à nos interprètes.

Le douzième jour nous découvrîmes de hautes montagnes , chargées de forêts , dont les arbres de différentes espèces sont parfumés. Après avoii doublé ces montagnes , en deux jours de navigation, nous entrâmes dans une mer immense. Dans les parages avoisinant au continent, s'élevoit une es- pèce de champ d'où nous voyions durant la nuit sortir, par intervalles, des flammes , les unes plus

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