Page:Chateaubriand - Œuvres complètes t1.djvu/43

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PREFACE. xxiij

On sent combien cette idée , poussée trop loin , a dû produire de rapprochements for- cés , ridicules ou bizarres.

Je commençai à écrire Y Essai en 1 794 , et il parut en 1797. Souvent il falloit effacer la nuit le tableau que j'avois esquissé le jour : les événements couroient plus vite que ma plume ; il survenoit une révolution qui met- toit toutes mes comparaisons en défaut : j'é- crivois sur un vaisseau pendant une tempête , et je prétendois peindre comme des objets fixes , les rives fugitives qui passoient et s'a- bîmoient le long du bord î Jeune et malheu- reux, mes opinions n'étoient arrêtées sur rien; je ne savois que penser en littérature, on philosophie, en morale, en religion. Je n'étois décidé qu'en matière politique ; sur ce seul point je n'ai jamais varié.

L'éducation chrétienne que j'avois reçue , avoit laissé des traces profondes dans mon cœur, mais ma tête étoit troublée parles livres que j'avois lus, les sociétés quejavois fréquen- tées. Je ressemblois à presque tous les hom- mes de cette époque : j'étois né de mon siècle.

Si l'on m'a trouvé une imagination vive dans un âge plus mûr, qu'on juge de ce quelle devoit être dans ma première jeu-

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