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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

retrouvaient à l’hôtel de La Rochefoucauld, aux soirées de mesdames de Poix, d’Hénin, de Simiane, de Vaudreuil, dans quelques salons de la haute magistrature, restés ouverts. Chez M. Necker, chez M. le comte de Montmorin, chez les divers ministres, se rencontraient (avec madame de Staël[1], la duchesse d’Aiguillon, mesdames de Beaumont[2] et de Sérilly[3])

    lippe-Égalité ; elle demeurait chez le marquis de Sillery, mari de Mme  de Genlis ; il y avait table ouverte dans cette maison pour tous les députés. Cette dame était jeune, aimable et jolie ; et malgré tous ces avantages, quoique secondée par l’ex-constituant Voidel, homme très adroit, elle n’a pas fait beaucoup de prosélytes au parti d’Orléans, mais elle a essayé d’en faire. »

  1. Staël-Holstein (Anne-Louise-Germaine Necker, baronne de), née à Paris le 22 avril 1766, morte dans cette ville le 14 juillet 1817.
  2. Beaumont (Pauline-Marie-Michelle-Frédérique-Ulrique de Montmorin-Saint-Hérem, comtesse de), née à Meussy-l’Évêque en Champagne le 15 août 1768. Elle avait épousé, le 25 septembre 1786, en Saint-Sulpice de Paris, Christophe-François de Beaumont, fils du marquis Jacques de Beaumont et de Claire-Marguerite Riché de Beaupré, — et non, comme le dit à tort M. Bardoux (la comtesse Pauline de Beaumont, p. 27), Christophe-Armand-Paul-Alexandre de Beaumont, marquis d’Auty, fils du marquis Christophe de Beaumont et de Marie-Claude de Baynac. Mme  de Beaumont mourut à Rome en 1803, comme on le verra dans la suite des Mémoires.
  3. Sérilly (Anne-Louise Thomas, dame de), cousine de Mme  de Beaumont. Elle avait épousé Antoine-Jean-François de Megret de Sérilly, trésorier de l’extraordinaire des guerres. Le 21 floréal an II (10 mai 1794), le jour même où Mme  Élisabeth porta sa tête sur l’échafaud, elle fut condamnée à mort, ainsi que son mari et M. Megret d’Etigny, son beau-frère. Le Moniteur du 23 floréal (12 mai) l’indique comme ayant été guillotinée. Elle échappa cependant. Comme elle était enceinte, il fut sursis à son exécution. Son extrait mortuaire n’en fut pas moins dressé, et ce fut, cet extrait mortuaire à la main, qu’elle comparut, le 29 germinal an III (18 avril 1795), dans le procès de Fouquier-Tinville : « J’ai vu là mon mari, dit-elle ; j’y vois aujourd’hui ses assassins et ses bourreaux. Voici mon extrait mortuaire, il