Page:Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe t1.djvu/466

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Royal-Lodge Windsor, 4 juin 1822.

« Monsieur le vicomte,

J’ai les ordres du roi d’inviter Votre Excellence à venir dîner et coucher ici jeudi 6 courant.

« Le très humble et très obéissant serviteur,
« Francis Conyngham.[1] »

Il était dans ma destinée d’être tourmenté par les princes. Je m’interromps ; je repasse l’Atlantique ; je remets mon bras cassé à Niagara ; je me dépouille de ma peau d’ours : je reprends mon habit doré ; je me rends du wigwaum d’un Iroquois à la royale loge de Sa Majesté Britannique, monarque des trois royaumes unis et dominateur des Indes ; je laisse mes hôtes aux oreilles découvertes et la petite sauvage à la perle ; souhaitant à lady Conyngham[2], la gentillesse de Mila,

  1. Lord Francis Conyngham, frère du premier marquis de ce nom, était chambellan (groom of the bed-chamber) du roi Georges IV.
  2. Lady Conyngham, dont Chateaubriand parle ici, non peut-être sans une certaine malice rétrospective, n’était pas la femme de lord Francis Conyngham, mais sa belle-sœur, la femme du marquis : elle était la maîtresse de George IV. — Dans le Journal de Charles C.-F. Greville, secrétaire du conseil privé, il est souvent parlé de Lady Conyngham. Greville, écrit, à la date du 2 mai 1821 : « Lady Conyngham habite une maison de Marlborough-Row, entourée de toute sa famille, qui est, comme elle-même, pourvue de chevaux, de voitures et de gens par les écuries royales et elle se promène à cheval avec sa fille Elizabeth, mais jamais avec le roi, qui va de son côté en compagnie d’un de ses gentilshommes. Au surplus, ils ne se montrent jamais ensemble en public. Elle dîne tous les jours avec le roi, ainsi