M. de La Harpe et l’abbé de Vauxelles. Proscrit au 18 fructidor, l’Angleterre fut son port de salut.
M. de Fontanes a été, avec Chénier, le dernier écrivain de l’école classique de la branche aînée : sa prose et ses vers se ressemblent et ont un mérite de même nature. Ses pensées et ses images ont une mélancolie ignorée du siècle de Louis XIV, qui connaissait seulement l’austère et sainte tristesse de l’éloquence religieuse. Cette mélancolie se trouve mêlée aux ouvrages du chantre du Jour des Morts, comme l’empreinte de l’époque où il a vécu ; elle fixe la date de sa venue ; elle montre qu’il est né depuis J.-J. Rousseau, tenant par son goût à Fénelon. Si l’on réduisait les écrits de M. de Fontanes à deux très petits volumes, l’un de prose, l’autre de vers, ce serait le plus élégant monument funèbre qu’on pût élever sur la tombe de l’école classique[1].
Parmi les papiers que mon ami a laissés, se trouvent plusieurs chants du poème de la Grèce sauvée, des livres d’odes, des poésies diverses, etc. Il n’eût plus rien publié lui-même : car ce critique si fin, si éclairé, si impartial lorsque les opinions politiques ne l’aveuglaient pas, avait une frayeur horrible de la critique. Il a été souverainement injuste envers madame de Staël. Un article envieux de Garat, sur la Forêt de Navarre, pensa l’arrêter net au début de sa carrière poétique. Fontanes, en paraissant, tua
- ↑ Il vient d’être élevé par la piété filiale de madame Christine de Fontanes ; M. de Sainte-Beuve a orné de son ingénieuse notice le fronton du monument. (Paris, note de 1839) Ch.
de La Harpe surtout sont des chefs-d’œuvre. Qui voudra connaître jusqu’où pouvait s’élever son talent devra lire le Mémorial.