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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

ciée[1]. Le 28 mai, l’Assemblée se forma en séances permanentes. Le 20 juin, le château des Tuileries fut forcé par les masses des faubourgs Saint-Antoine et Saint-Marceau ; le prétexte était le refus de Louis XVI de sanctionner la proscription des prêtres ; le roi courut risque de vie. La patrie était déclarée en danger. On brûlait en effigie M. de La Fayette. Les fédérés de la seconde fédération arrivaient ; les Marseillais, attirés par Danton, étaient en marche : ils entrèrent dans Paris le 30 juillet, et furent logés par Petion aux Cordeliers.


LES CORDELIERS.

Auprès de la tribune nationale, s’étaient élevées deux tribunes concurrentes : celle des Jacobins et celle des Cordeliers, la plus formidable alors, parce qu’elle donna des membres à la fameuse Commune de Paris, et qu’elle lui fournissait des moyens d’action. Si la formation de la Commune n’eût pas eu lieu, Paris, faute d’un point de concentration, se serait divisé, et les différentes mairies fussent devenues des pouvoirs rivaux.

Le club des Cordeliers était établi dans ce monastère, dont une amende en réparation d’un meurtre avait servi à bâtir l’église sous saint Louis, en 1259[2] ; elle devint, en 1590, le repaire des plus fameux ligueurs.

Il y a des lieux qui semblent être le laboratoire des factions : « Avis fut donné, dit L’Estoile (12 juil-

  1. Le décret ordonnant la dissolution de la garde constitutionnelle du roi fut voté le 29 mai 1792.
  2. Elle fut brûlée en 1580. Ch.