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Page:Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe t2.djvu/411

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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

je m’associe à la vôtre, monsieur, et j’ai une part à moi en particulier lorsque je songe au malheureux sort de toute la famille de mon ami M. de Montmorin.

« Je vois, monsieur, que vous êtes sur le point de quitter Rome pour retourner en France : je souhaite que vous preniez votre route par Genève, où je vais passer l’hiver. Je serais très empressé à vous faire les honneurs d’une ville où vous êtes déjà connu de réputation. Mais où ne l’êtes-vous pas, monsieur ? Votre dernier ouvrage, étincelant de beautés incomparables, est entre les mains de tous ceux qui aiment à lire.

« J’ai l’honneur de vous présenter, monsieur, les assurances et l’hommage des sentiments les plus distingués.

« Necker. »
Coppet, le 27 novembre 1803.

LETTRE DE MADAME DE STAËL.

Francfort, ce 3 décembre 1803

« Ah ! mon Dieu, my dear Francis, de quelle douleur je suis saisie en recevant votre lettre ! Déjà hier, cette affreuse nouvelle était tombée sur moi par les gazettes, et votre déchirant récit vient la graver pour jamais en lettres de sang dans mon cœur. Pouvez-vous, pouvez-vous me parler d’opinions différentes sur la religion, sur les prêtres ? Est-ce qu’il y a deux opinions, quand il n’y a qu’un sentiment ? Je n’ai lu votre récit qu’à travers les