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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

avait tracé de sa propre main, quelques lignes où il exprimait le désir d’avoir une explication avec le premier consul. Un membre fit la proposition de transmettre cette demande au gouvernement. La commission y déféra ; mais, au même instant, le général, qui était venu se poster derrière mon fauteuil, nous représenta que cette demande était inopportune. D’ailleurs, nous ne trouvâmes dans la loi aucune disposition qui nous autorisât à surseoir. La commission passa donc outre, se réservant, après les débats, de satisfaire aux vœux du prévenu. »

Voilà ce que raconte le général Hulin. Or, on lit cet autre passage dans la brochure du duc de Rovigo : « Il y avait même assez de monde pour qu’il m’ait été difficile, étant arrivé des derniers, de pénétrer derrière le siège du président, où je parvins à me placer. »

C’était donc le duc de Rovigo qui s’était posté derrière le fauteuil du président ? Mais lui, ou tout autre, ne faisant pas partie de la commission, avait-il le droit d’intervenir dans les débats de cette commission et de représenter qu’une demande était inopportune ?

Écoutons le commandant des grenadiers de la vieille garde parler du courage du jeune fils des Condé ; il s’y connaissait :

« Je procédai à l’interrogatoire du prévenu ; je dois le dire, il se présenta devant nous avec une noble assurance, repoussa loin de lui d’avoir trempé directement ni indirectement dans un complot d’assassinat contre la vie du premier consul ; mais il avoua aussi avoir porté les armes contre la France, disant avec un courage et une fierté qui ne nous