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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

énergique est d’autant plus honorable pour son auteur qu’il ne craignait pas de compromettre sa carrière, sans recevoir de récompense de l’opinion publique, sa démarche devant rester ignorée : noble abnégation d’un homme qui, par son obscurité même, avait dévolu ce qu’il a fait de bien à l’obscurité.

M. de Talleyrand reçut la leçon et se tut ; du moins, je ne trouvai rien de lui dans les mêmes archives, concernant la mort du prince. Le ministre des relations extérieures avait pourtant mandé, le 2 ventôse, au ministre de l’électeur de Bade, « que le premier consul avait cru devoir donner à des détachements l’ordre de se rendre à Offenbourg et à Ettenheim, pour y saisir les instigateurs des conspirations inouïes qui, par leur nature, mettent hors du droit des gens tous ceux qui manifestement y ont pris part. »

Un passage des généraux Gourgaud, Montholon et du docteur Ward met en scène Bonaparte : « Mon ministre, dit-il, me représenta fortement qu’il fallait se saisir du duc d’Enghien, quoiqu’il fût sur un territoire neutre. Mais j’hésitais encore, et le prince de Bénévent m’apporta deux fois, pour que je le signasse, l’ordre de son arrestation. Ce ne fut cependant qu’après que je me fus convaincu de l’ur-

    tances les plus difficiles, l’ambassade de Berlin, de 1805 à 1808, et celle de Madrid, de 1808 à 1813. Napoléon l’avait créé comte le 28 janvier 1808. À la chute de l’Empire, il dirigea par intérim le ministère des Affaires étrangères, du 3 avril au 12 mai 1814, et fut chargé par le roi de préparer le traité de Paris. La seconde Restauration le nomma ministre plénipotentiaire auprès des puissances alliées. Pair de France le 5 mars 1819, il devint, en 1825, ministre d’État et membre du Conseil privé. La Révolution de 1830 lui enleva ses emplois et dignités.