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Page:Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe t2.djvu/51

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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

Ceci se passait le 16 juin 1792.

Fidèle à mes instincts, j’étais revenu d’Amérique pour offrir mon épée à Louis XVI, non pour m’associer à des intrigues de parti. Le licenciement de la nouvelle garde du roi, dans laquelle se trouvait Murat[1] ; les ministères successifs de Roland[2], de Dumouriez[3], de Duport du Tertre[4], les petites conspirations

  1. Joachim Murat, roi de Naples, né le 25 mars 1767 à la Bastide-Fortunières, près de Cahors, fusillé à Pizzo (Calabre) le 13 octobre 1815. Destiné d’abord à l’Église, mais entraîné par un goût irrésistible pour le métier des armes, il s’engagea, le 23 février 1787, dans les chasseurs des Ardennes. Sa chaleur de tête l’ayant entraîné, dit-on, dans une mauvaise affaire, il dut quitter bientôt le régiment, et en 1791 on le retrouve dans son pays en congé, soit provisoire, soit définitif. À ce moment, en même temps que son compatriote Bessières, le futur duc d’Istrie, il fut désigné par le directoire de son département comme l’un des trois sujets que le Lot devait fournir à la garde constitutionnelle du roi. Il entra dans cette garde le 8 février et en sortit le 4 mars 1792. Tenant à justifier son départ devant le directoire du Lot, il accusa son lieutenant-colonel, M. Descours, d’avoir tenté de l’embaucher pour l’armée des princes. Sa dénonciation, renvoyée au Comité de surveillance de la Législative, ne fut pas un des moindres griefs invoqués par Basire pour obtenir de l’Assemblée le licenciement de la garde du roi. (Frédéric Masson, Napoléon et sa famille, tome I, p. 308.)
  2. Jean-Marie Roland de la Platière (1734-1793). Il fut deux fois ministre de l’intérieur, du 23 mars au 12 juin 1792, et du 10 août 1792 au 23 janvier 1793. Après le 31 mai, il avait dû se cacher d’abord chez son ami le naturaliste Bosc dans la vallée de Montmorency, puis à Rouen. Ayant appris dans sa retraite l’exécution de sa femme, il se rendit à Bourg-Baudouin, à quatre lieues de Rouen, et se perça le cœur à l’aide d’une canne-épée (15 novembre 1793).
  3. Charles-François Dumouriez (1739-1823). Il fut ministre des relations extérieures, du 17 mars au 16 juin 1792, et ministre de la guerre du 17 juin au 24 juillet.
  4. Marguerite-Louis-François Duport-Dutertre (1754-1793). Il fut ministre de l’intérieur du 21 novembre 1790 au 22 mars 1792. Emprisonné après le 10 août, il fut guillotiné le même jour que