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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

Toutes les fois qu’un peu de gaieté me vient sur les lèvres, j’en suis puni comme d’une faute. Cette lettre me fait sentir un remords en relisant un passage (atténué, il est vrai, par des expressions reconnaissantes) sur l’hospitalité de nos consuls dans le Levant : « Mesdemoiselles Pangalo, dis-je dans l’Itinéraire, chantent en grec :


Ah ! vous dirai-je, maman ?

« M. Pangalo poussait des cris, les coqs s’égosillaient, et les souvenirs d’Iulis, d’Aristée, de Simonide étaient complètement effacés. »

Les demandes de protection tombaient presque toujours au milieu de mes discrédits et de mes misères. Au commencement même de la Restauration, le 11 octobre 1814, je reçus cette autre lettre datée de Paris :


« Monsieur l’ambassadeur,

« Mademoiselle Dupont, des îles Saint-Pierre et Miquelon, qui a eu l’honneur de vous voir dans ces îles, désirerait obtenir de Votre Excellence un moment d’audience. Comme elle sait que vous habitez la campagne, elle vous prie de lui faire savoir le jour où vous viendrez à Paris et où vous pourrez lui accorder cette audience.

« J’ai l’honneur d’être, etc.

« Dupont. »

Je ne me souvenais plus de cette demoiselle de l’époque de mon voyage sur l’Océan, tant la mémoire est