la Convention pour se plaindre ; Lacretelle le jeune[1] lui prêta sa voix avec le même courage qu’il montra le jour où Bonaparte mitrailla les Parisiens sur les degrés de Saint-Roch. Les sections, prévoyant que le moment du combat approchait, firent venir de Rouen le général Danican[2] pour le mettre à leur tête. On peut juger de la peur et des sentiments de la Convention par les défenseurs qu’elle convoqua autour d’elle : « À la tête de ces républicains, dit Réal dans son Essai sur les journées de vendémiaire, que l’on appela le bataillon sacré des patriotes de 89, et dans leurs rangs, on appelait ces vétérans de la Révolution qui en avaient fait les six campagnes, qui s’étaient battus sous les murs de la Bastille, qui avaient terrassé la tyrannie et qui s’armaient aujourd’hui pour défendre le même château qu’ils avaient foudroyé au 10 août. Là je retrouvai les restes précieux de ces vieux bataillons de Liégeois et de Belges, sous les ordres de leur ancien général Fyon. »
- ↑ Charles-Jean-Dominique de Lacretelle, dit le Jeune (1766-1855). Membre de l’Académie française, auteur de nombreuses publications historiques sur les Guerres de Religion, le XVIIIe siècle, la Révolution, le Consulat, l’Empire et la Restauration. On lui doit en outre de très intéressants Mémoires, parus en 1842 sous ce titre : Dix années d’épreuves pendant la Révolution.
- ↑ Auguste Danican (1763-1848). Après avoir servi contre les Vendéens en 1793 et 1794, et s’être fait battre en maintes rencontres, il fut destitué, pour être bientôt replacé et envoyé à Rouen. Après le 13 vendémiaire, il se réfugia en Angleterre, où il publia contre les hommes de la Révolution un très curieux écrit intitulé : les Brigands démasqués (1796). À la chute de l’Empire, il rentra en France, mais n’ayant pu obtenir d’être réintégré dans les cadres de l’armée, il retourna à Londres et finit par se fixer dans le Holstein, où il termina obscurément ses jours au mois de décembre 1848.