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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

le résumé : Eh bien ! vous avez entendu hier mon discours à la vieille garde ; il vous a plu et vous avez vu l’effet qu’il a produit. Voilà comme il faut parler et agir avec eux, et si Louis XVIII ne suit pas cet exemple, il ne fera jamais rien du soldat français.

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« Les cris de Vive l’empereur cessèrent dès que les troupes françaises ne furent plus avec nous. À Moulins nous vîmes les premières cocardes blanches, et les habitants nous reçurent aux acclamations de Vivent les alliés ! Le colonel Campbell partit de Lyon en avant, pour aller chercher à Toulon ou à Marseille une frégate anglaise qui pût, d’après le vœu de Napoléon, le conduire dans son île.

« À Lyon, où nous passâmes vers les onze heures du soir, il s’assembla quelques groupes qui crièrent Vive Napoléon ! Le 24, vers midi, nous rencontrâmes le maréchal Augereau près de Valence. L’empereur et le maréchal descendirent de voiture ; Napoléon ôta son chapeau, et tendit les bras à Augereau, qui l’embrassa, mais sans le saluer. Où vas-tu comme ça ? lui dit l’empereur en le prenant par le bras, tu vas à la cour ? Augereau répondit que pour le moment il allait à Lyon ; ils marchèrent près d’un quart d’heure ensemble, en suivant la route de Valence. L’empereur fit au maréchal des reproches sur sa conduite envers lui et lui dit : Ta proclamation est bien bête ; pourquoi des injures contre moi ? Il fallait simplement dire : Le vœu de la nation s’étant prononcé en faveur d’un nouveau souverain, le devoir de l’armée est de s’y conformer. Vive le roi ! vive Louis XVIII ! Augereau alors se mit aussi à