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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

vrage, voulant assurer par cette protestation les droits des citoyens français. M. Baude[1] m’a imité en 1830.

Je me trouvai engagé ensuite dans une correspondance assez longue avec M. le chancelier, M. le ministre de la police et M. le procureur général Bellart[2], jusqu’au 9 novembre, jour que le chancelier m’annonça l’ordonnance rendue en ma faveur par le tribunal de première instance, laquelle me remit en possession de mon ouvrage saisi. Dans une de ses lettres, M. le chancelier me mandait qu’il avait été désolé de voir le mécontentement que le roi avait exprimé publiquement de mon ouvrage. Ce mécontentement venait des chapitres où je m’élevais contre

  1. Jean-Jacques, baron Baude (1792-1862). Il signa, comme rédacteur du journal le Temps, la protestation des journalistes contre les ordonnances de juillet 1830 et fit enregistrer sa protestation devant notaires. Préfet de police du 26 décembre 1830 au 25 février 1831, il laissa l’émeute saccager l’archevêché et l’église de Saint-Germain-l’Auxerrois. Membre de la Chambre des députés, il présenta, le 15 mars 1831, d’accord avec le Gouvernement, une proposition tendant à déclarer « l’ex-roi, Charles X, ses descendants et les alliés de ses descendants, bannis à perpétuité du territoire français ». Chateaubriand combattit la proposition de M. Baude dans une éloquente brochure, sur laquelle nous aurons à revenir plus tard.
  2. Nicolas-François Bellart (1761-1826), avocat au barreau de Paris de 1785 à 1815, député de la Seine, de 1815 à 1820, procureur général près la Cour royale de Paris, de 1815 à 1826. Ce fut lui qui porta la parole dans le procès du maréchal Ney. Bellart fut un homme de bien, un grand magistrat et un orateur éloquent. Il possédait au plus haut degré la faculté de l’improvisation. Énergique, abondant, impétueux, quelquefois irrégulier, son talent était plein de force et d’éclat. À l’audience, d’après le témoignage d’un de ses émules, M. Billecocq, il ne laissait point respirer ; il terrassait ; tout, jusqu’à son désordre, allait au but et l’atteignait. » (Notice historique sur N.-F. Bellart, par M. Billecocq, avocat. Paris, 1827). — Voir aussi l’année 1817, par Edmond Biré, p. 132-137.