Cependant, les événements qui se compliquaient ne décidaient rien encore. L’assassinat de M. le duc de Berry avait amené la chute de M. Decazes[1], qui ne se fit pas sans déchirements. M. le duc de Richelieu ne consentit à affliger son vieux maître que sur une promesse de M. Molé[2] de donner à M. Decazes une mission lointaine. Il partit pour l’ambassade de Londres où je devais le remplacer[3]. Rien n’était fini. M. de Villèle restait à l’écart avec sa fatalité, M. de Corbière. J’offrais de mon côté un grand obstacle. Madame de Montcalm[4] ne cessait de m’engager à la paix : j’y étais très disposé, ne voulant sincèrement que sortir des affaires qui m’envahissaient, et pour lesquelles j’avais un souverain mépris. M. de Villèle, quoique plus souple, n’était pas alors facile à manier.
Il y a deux manières de devenir ministre : l’une brusquement et par force, l’autre par longueur de temps et par adresse ; la première n’était point à l’usage de M. de Villèle : le cauteleux exclut l’énergique, mais il est plus sûr et moins exposé à perdre
- ↑ M. Decazes avait donné sa démission le 17 février. Le Moniteur du 21 février publia trois ordonnances, signées la veille. La première acceptait la démission de M. Decazes ; la seconde nommait M. le duc de Richelieu président du conseil, en laissant l’ancien ministère debout ; la troisième conférait à M. Decazes le titre de duc et de ministre d’État.
- ↑ Il y a là une erreur de plume. Le ministre des affaires étrangères, en février 1820, était M. Pasquier. M. Molé n’a eu, sous la Restauration, que le portefeuille de la marine, et cela à une autre époque, du 12 septembre 1817 au 28 décembre 1818.
- ↑ L’ordonnance nommant le duc Decazes à l’ambassade de Londres est du 20 février 1820. Il la conserva jusqu’au 9 janvier 1822.
- ↑ Sœur du duc de Richelieu. Elle était très liée avec Chateaubriand.