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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

pris sous sa plume le plus de développement, — des développements tels que ce récit formait d’abord quatre volumes, réduits plus tard à deux, dans des circonstances que nous dirons tout à l’heure. Ces deux volumes font en réalité partie intégrante des Mémoires d’Outre-tombe. S’ils n’y figurent pas, c’est que l’auteur a craint, en leur donnant place dans ses Mémoires, de déranger la belle ordonnance de son livre, où toutes les proportions sont si bien gardées, où toutes les parties de l’œuvre s’harmonisent entre elles avec un art si parfait. Pour cette raison, et aussi afin de venger publiquement la Restauration des calomnies dont elle était alors journellement l’objet, il se décida, en 1838, à publier à part tout ce qu’il avait écrit sur le Congrès de Vérone et la guerre d’Espagne.

Sa copie, je viens de le dire, formait quatre volumes. C’était quatre-vingt mille francs (vingt mille francs par volume) qui lui revenaient aux termes de ses traités avec la société nantie du droit de publier ses œuvres futures. Déjà les quatre volumes étaient imprimés presque en entier, lorsque M. de Marcellus et M. de la Ferronnays, alarmés de voir mettre au jour certaines pièces diplomatiques, destinées, selon eux, à rester secrètes, supplièrent Chateaubriand de sacrifier ici et là, un peu partout, des documents, qui étaient pourtant de l’intérêt le plus vif. Il consentit à la plupart des retranchements demandés, et fit à ses deux amis si bonne mesure que les quatre volumes primitifs se trouvèrent réduits aux deux volumes actuels. — « Eh ! bien, » dit Chateaubriand à M. de Marcellus, quand le sacrifice fut consommé, « vous me coûtez, tous les deux, quarante mille francs. — Soit, quarante mille francs, reprit M. de Marcellus, plutôt que des regrets trop tardifs. » Et Chateaubriand de répliquer : — « C’est maintenant chose faite ; j’ai respecté vos scrupules et ceux de la Ferronnays ; j’ai beaucoup retranché pour vous plaire. Mais vous ne vous êtes pas suffisamment l’un et