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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

Suscription : « À Sa Majesté Henri V, mon très-cher fils, Prague. »

« Padoue, 20 septembre 1833.

« J’étais au moment d’arriver à Prague et de t’embrasser, mon cher Henri, un obstacle imprévu m’arrête dans mon voyage.

« J’envoie M. de Chateaubriand à ma place pour traiter de tes affaires et des miennes. Aie confiance, mon cher ami, dans ce qu’il te dira de ma part et crois bien à ma tendre affection. En t’embrassant avec ta sœur, je suis

« Ton affectionnée mère et amie,
« Caroline. »

M, de Montbel tomba de Rome à Padoue au milieu de nos cancans. La petite cour de Padoue le bouda ; elle s’en prenait à M. de Blacas des ordres de Vienne. M. de Montbel, homme fort modéré, n’eut d’autre ressource que de se réfugier auprès de moi, bien qu’il me craignît ; en voyant ce collègue de M. de Polignac, je m’expliquai comment il avait écrit, sans s’en apercevoir, l’histoire du duc de Reichstadt[1], et admiré les archiducs, le tout à soixante lieues de Prague, lieu d’exil du duc de Bordeaux ; si lui, M. de Montbel, avait été propre à jeter par la fenêtre la monarchie de saint Louis et les monarchies de ce bas monde, c’est un petit accident auquel il n’avait pas pensé. Je

  1. Sur M. de Montbel, voir au tome V la note 2 de la page 254 (note 9 du Livre XIV de la Troisième Partie). — M. de Montbel avait publié en 1833 une notice sur le duc de Reichstadt.