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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

Je cherchai à le consoler par une autre lettre du 31 août 1834, lorsqu’il fut condamné pour délit de presse. Je reçus de lui cette réponse ; elle manifeste les opinions, les regrets et les espérances de l’homme :

À Monsieur le Vicomte de Chateaubriand,
« Monsieur,

« Votre lettre du 31 août ne m’a été remise qu’à mon arrivée à Paris. J’irais vous en remercier, d’abord, si je n’étais forcé de consacrer à quelques préparatifs d’entrée en prison le peu de temps qui pourra m’être laissé par la police informée de mon retour. Oui, monsieur, me voici condamné à six mois de prison par la magistrature, pour un délit imaginaire et en vertu d’une législation également imaginaire, parce que le jury m’a sciemment renvoyé impuni sur l’accusation la plus fondée et après une défense qui, loin d’atténuer mon crime de vérité dite à la personne du roi Louis-Philippe, avait aggravé ce crime en l’érigeant en droit acquis pour toute la presse de l’opposition. Je suis heureux que les difficultés d’une thèse si hardie, par le temps qui court, vous aient paru à peu près surmontées par la défense que vous avez lue et dans laquelle il m’a été si avantageux de pouvoir invoquer l’autorité du livre dans lequel vous instruisiez, il y a dix-huit ans, votre propre parti des principes de la responsabilité constitutionnelle.

« Je me demande souvent avec tristesse à quoi auront servi des écrits tels que les vôtres, monsieur,