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Page:Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe t6.djvu/455

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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

faud de Louis XVI qu’il faut placer l’empire chrétien des Français. La même religion était debout aux deux barrières : « Doux Sicambre, incline le col, adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré », dit le prêtre qui administrait à Clovis le baptême d’eau. « Fils de saint Louis, montez au ciel, » dit le prêtre qui assistait Louis XVI au baptême du sang.

Quand il n’y aurait dans la France que cette ancienne maison de France bâtie par le temps et dont la majesté étonne, nous pourrions, en fait de choses illustres, en remontrer à toutes les nations. Les Capets régnaient lorsque les autres souverains de l’Europe étaient encore sujets. Les vassaux de nos rois sont devenus rois. Ces souverains nous ont transmis leurs noms avec des titres que la postérité a reconnus authentiques ; les uns sont appelés auguste, saint, pieux, grand, courtois, hardi, sage, victorieux, bien-aimé ; les autres père du peuple, père des lettres. « Comme il est écrit par blâme, dit un vieil historien, que tous les bons roys Serviens aisément pourroient tenir en un anneau, les mauvais roys de France y pourroient mieux, tant le nombre en est petit. »

Sous la famille royale, les ténèbres de la barbarie se dissipent, la langue se forme, les lettres et les arts produisent leurs chefs-d’œuvre, nos villes s’embellissent, nos monuments s’élèvent, nos chemins s’ouvrent, nos ports se creusent, nos armées étonnent l’Europe et l’Asie, et nos flottes couvrent les deux mers.

Notre orgueil se met en colère à la seule exposition de ces magnifiques tapisseries du Louvre ; des ombres, des