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VIE DE RANCÉ

faisaient leur séjour dans le monastère et se nourrissaient des excès qui y régnaient. Ils y habitaient par troupes, n’y ayant là personne qui les chassât. »

Dom Félibien ajoute la vie à ces descriptions, en y faisant voir la renaissance du culte chrétien.

« On voit d’abord en entrant ces paroles de Jérémie, écrites sur la porte du cloître : Sedebit solitarius et tacebit.

» L’église n’a rien de considérable que la sainteté du lieu : elle est bâtie d’une manière gothique et fort particulière ; elle ne laisse pas d’avoir quelque chose d’auguste et de divin ; le bout du côté du chœur semble représenter la poupe d’un vaisseau.

» Ce qui est digne de considération est la manière dont ces religieux font l’office ; car vous les voyez d’une voix ferme et d’un ton grave chanter les louanges de Dieu. Il n’y a rien qui touche le cœur et qui élève davantage l’esprit que de les entendre à matines. Leur église n’étant éclairée que d’une seule lampe, qui est devant le grand autel, l’obscurité, jointe au silence de la nuit, fait que l’âme se remplit de cette onction sacrée répandue dans tous les Psaumes. Soit qu’ils soient assis, soit qu’ils soient debout,