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LIVRE DEUXIÈME

soit qu’ils s’agenouillent, soit qu’ils se prosternent, c’est avec une humilité si profonde, qu’on voit bien qu’ils sont encore plus soumis d’esprit que de corps. »

Sur une inscription de saint Bernard, placée dans les cloîtres de la Trappe, Ducis composa ces beaux vers :

Heureuse solitude,
Seule béatitude,
Que votre charme est doux !
De tous les biens du monde,
Dans ma grotte profonde,
Je ne veux plus que vous.

Qu’un vaste empire tombe,
Qu’est-ce au loin pour ma tombe,
Qu’un vain bruit qui se perd ?
Et les rois qui s’assemblent,
Et leurs sceptres qui tremblent,
Que les joncs du désert ?


Quand l’abbé de Rancé introduisait la réforme dans son abbaye, les moines eux-mêmes n’étaient plus que des ruines de religieux. Réduits au nombre de sept, ce reste de cénobites était dénaturé par l’abondance ou par le malheur. Les moines depuis longtemps avaient mérité des reproches : dès le onzième siècle, Adalbéron déclare « qu’un moine est transformé en soldat. » En Normandie, un supérieur ayant prétendu admonester ses