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Page:Chateaubriand - Vie de Rancé, 2è édition, 1844.djvu/128

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VIE DE RANCÉ

cet Esprit ne se mettait pas en route pour réclamer de l’argent, mais la misère. Lorsqu’on erre à travers les saintes et impérissables Écritures, où manquent la mesure et le temps, on n’est frappé que du bruit de la chute de quelque chose qui tombe de l’éternité.

Le grand expiateur avait retrouvé à Châlons-sur-Saône l’abbé du Val-Richer, son compagnon désigné de voyage. À Lyon, il baisa la boîte qui renfermait le cœur de saint François de Sales. Il traversa les Alpes, et arriva à Turin : il n’y vit point le saint suaire. À Milan, le tombeau de saint Charles Borromée l’appela : heureux les morts quand ils sont saints ! ils retrouvent leur matin dans le ciel. Sainte Catherine à Bologne attira la vénération de Rancé : c’étaient là les antiquités qu’il cherchait : il faisait consister sa repentance à ne rien voir ; ses yeux étaient fermés à ces ruines dont l’abbé de La Mennais nous fait une peinture admirable :

« De superbes palais, dit-il, se dégradent d’année en année, montrant encore, à travers leurs élégantes fenêtres ouvertes à la pluie et à tous les vents, les vestiges d’un faste que rien ne rappelle dans nos chétives constructions modernes, d’un luxe grandiose et délicat dont les arts di-