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VIE DE RANCÉ

Rancé était arrivé le 16 novembre 1664, six semaines après l’abbé de Cîteaux accouru pour combattre l’Étroite Observance. Il fut appelé à l’audience du pape le 2 de décembre 1664, à Monte-Cavallo. Il lui dit : Beatissime pater, ad Sanctitatis Vestrae pedes humiliter accedimus[1]. Alexandre VII l’accueillit par ces paroles : Adventus vester non solum gratus est nobis, sed expectavimus eum. « Votre venue ne nous est pas seulement agréable, mais nous l’attendions. » Sa Sainteté reçut avec respect des lettres de la reine mère, de Mademoiselle, du prince de Conti et de madame de Longueville, dont les signatures étaient en contraste avec les vertus de Rancé. Malheureusement alors les rangs comptaient plus que les mœurs. Rancé fit entendre ces paroles soumises : « Très-saint père, sorti des monastères où nos péchés nous ont obligé de nous retirer, nous venons écouter Votre Sainteté comme l’oracle par lequel le Seigneur veut nous faire connaître ses volontés. »

Cette soumission ne rassura pas tellement le pape que Rancé ne se crut obligé de s’expliquer : « Les Pères de la Trappe, dit-il, n’avaient pas

  1. Maupeou, tom. I, pag. 58.