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LIVRE QUATRIÈME

point d’autre que celle de Jésus Christ crucifié, nous ne devons point aussi avoir d’autre but dans nos études : il est vrai, et saint Paul l’a dit, que la science sans la charité enfle, mais il est certain aussi qu’avec le secours de la grâce rien n’est plus propre à nous conduire à l’humilité, parce que rien ne nous fait mieux connaître notre néant, notre corruption et nos misères. »

L’illustre savant s’était mis à l’abri des reproches de Rancé par cette ingénieuse interprétation de l’étude. Jusque dans la manière dont il imprime son traité, il semble avoir contracté dans des lettres majuscules quelque chose du caractère monumental des inscriptions. Il écarte pour les théologiens scolastiques les questions de la puissance obédiencielle et de la façon dont le feu matériel agit sur les damnés, puis il entre en matière : « Ce qui m’avait fait balancer d’abord, dit-il dans son avant-propos, sur la composition de mon ouvrage, c’est que le grand serviteur de Dieu qui fait aujourd’hui tant d’honneur à l’état monastique s’est expliqué d’une manière si noble et si relevée sur ce sujet, qu’il est malaisé de réussir après lui. L’on pourra cependant demeurer d’accord avec lui que si