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LIVRE QUATRIÈME

pêchaient nullement Rancé de s’occuper de ce qui se passait au dehors ; il prit une grande part à la mort de la princesse palatine, arrivée au mois de juillet 1684. Anne de Gonzague de Clèves avait plusieurs fois consulté Rancé sur des difficultés de conscience ; son nom rappelait un charmant ouvrage de madame de La Fayette, et c’est sur Anne de Gonzague que Bossuet a composé une de ses plus belles Oraisons funèbres. Après s’être plongée dans les idées du siècle, idées qui s’éloignaient du temps où elle vivait, la princesse palatine avait commencé par les idées cartésiennes ; de là elle avait passé à ne plus rien croire, et ayant achevé le tour du cadran, elle avait remonté elle-même vers la religion comme plusieurs esprits forts ou libertins de cette époque. Dans son séjour en France elle avait vu la Fronde, qui, selon Bossuet, était un travail de la France prêt à enfanter le règne miraculeux de Louis.

« Et qu’avaient-ils vu, s’écrie le grand orateur, rappelant la philosophie de la princesse palatine, qu’avaient-ils vu, ces rares génies, plus que les autres ? Ils n’ont rien vu, ils n’entendent rien, ils n’ont pas même de quoi établir le néant auquel ils aspirent après cette vie. »

Bossuet conte ce que la princesse palatine ra-