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LIVRE QUATRIÈME

Anne de Gonzague était une de ces mortelles dont la beauté avait rodé dans les bois de la Trappe. Elle se mêla, dit madame de Motteville, à presque tout ce qui se fit alors, elle soutint le cardinal de Mazarin, qui n’en fut pas fort reconnaissant. On a une lettre d’elle, insérée parmi les lettres de Bussy-Rabutin. Malheureusement on n’a pas les autres lettres qu’elle écrivit à la maréchale de Guébriant, ni le traité sur l’Art de juger la vérité des sentiments. Les dames philosophes de ce temps, qui déclinèrent peu à peu vers le matérialisme, commencèrent par être cartésiennes et s’en allaient à Dieu, les pensées inclinées vers la raison, au lieu de les lui remettre comme des fleurs. Anne de Gonzague n’était pas insensible à l’argent ; elle avait reçu des sommes assez considérables pour faire réussir des mariages qui n’eurent pas lieu. Elle ne rendit point ces sommes, ou présenta des comptes qui les absorbaient.


Après sa mort, la princesse palatine fut enterrée au Val-de-Grâce, à côté de Bénédicte, sa sœur. Elle avait fait de ses propres mains un grand tableau de saint Bernard pour le fond d’un autel consacré à la Trappe. Quand on exhuma les morts, les déterreurs insultèrent ces dépouil-