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Page:Chateaubriand - Vie de Rancé, 2è édition, 1844.djvu/266

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VIE DE RANCÉ

les, comme on jette au vent des feuilles de roses séchées.

Rancé, au milieu de toutes ces tribulations, n’avait d’autre refuge que la patience chrétienne. On écrivit contre lui, on prêcha même contre lui : on attaqua sa doctrine et sa conduite ; on s’efforça de le faire passer pour un hérétique ou pour un fanatique ; on publia qu’il tenait dans son monastère des assemblées contre la religion et contre l’État. La Trappe fut au moment d’être détruite comme Port-Royal : Rancé, au milieu de toutes ses afflictions d’esprit, fut livré à des infirmités qui ne lui permettaient aucun repos ; il fut maltraité de ceux-là même auxquels il avait fait le plus de bien. Quand on le pressait de manger, il disait aux frères convers : « Vous serez cause que je mourrai dans l’Impénitence finale. » Apercevant un de ses religieux qui souvent lui avait fait la même prière, il dit en souriant : « Voilà mon persécuteur. » Arrivé à ce comble de douleur qu’il avait tant désiré pour ressembler à Jésus-Christ son maître, on lui proposait de le guérir par le secours des médecins : « Je suis, répondit-il, entre les mains de Dieu ; c’est lui qui donne la vie, c’est lui qui l’ôte : il saura bien me guérir si sa volonté est que je vive. Mais