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LIVRE DEUXIÈME

ladie du duc d’Orléans. L’abbé se remit en route : Gaston était en danger, ce prince si peu digne à Castelnaudary de la valeur du Béarnais, le parleur de la Fronde ne trouva pas un mot sur ses lèvres à dire à la mort : un spectre se tenait debout au pied de son lit ; Montmorency sans tête lui demandait le talion.

Rancé écrivit à Arnauld d’Andilly la lettre qu’on va lire, et que je dois encore à la politesse de M. de Montmerqué.


Blois, 8 février 1660.


« Je n’aurois pas été tant de temps sans avoir l’honneur de vous écrire si la maladie et la mort de Monsieur ne m’en avoient empesché. Je vous avoue que, l’ayant assisté autant que je l’ai pu dans les derniers moments de sa vie, je suis tellement touché d’un spectacle si déplorable que je ne puis m’en remettre. On a ceste consolation qu’il est mort avec tous les sentiments et toute la résignation qu’un véritable chrestien doit avoir en la volonté de son Dieu. Il reçut notre Seigneur dès le commencement de son mal, et eut le soin lui-mesme de le demander une seconde fois pour viatique avec de grandes démonstrations d’une foy vive et d’un parfait mes-