Page:Chatelain - Beautés de la poésie anglaise, tome 1, 1860.djvu/281

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Dans les couches de l’air je me baigne à toute heure.
Je change à chaque instant
Et sans mourir pourtant,
Car alors que, brillant, le ciel après la pluie
S’empresse de sécher mes larmes qu’il essuie,
Et qu’il bâtit soudain le dôme bleu de l’air,
                 Soudain aussi comme un vampire
Je sors de mon tombeau. – Puis plus prompt que l’éclair,
Je jette à bas le dôme… au milieu d’un fou rire !



Sentiments d’un Républicain sur la chute de Bonaparte



                      “ Her safety sits not on a throne,
                      With Capet or Napoléon ;
                      But in equal rights and laws,
                      Hearts and hands in one great cause. ”
                                                   BYRON.



À toi tyran tombé !… – Je t’abhorrai toujours,
Et toujours j’ai gémi de te voir, vil esclave,
Souiller la Liberté de ta sanglante bave,
Et danser sur sa tombe au bruit de tes tambours.
Tu pouvais de ton trône assurer la durée,
Sur les droits de chacun faire asseoir tes drapeaux,
Monstre ! tu préféras déchirer en lambeaux
La Liberté, ta mère… et sonner la curée.
Moi, je priais le ciel que pendant ton sommeil
Rapine, Trahison, Massacre, Peur, Luxure
Vinssent à ton chevet pour punir ton parjure,
Et sous leurs pieds vengeurs étouffer ton réveil.
Mais je sais aujourd’hui que tu descends du trône,
Et que d’une île au loin nous te jetons l’aumône,
Que la vertu finit par triompher du mal,
Et prévaut sur la force et le crime légal !