Page:Chatelain - Beautés de la poésie anglaise, tome 1, 1860.djvu/67

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Le chef est radieux, et son brillant panache
Flotte et luit ;
De son fougueux coursier le harnais éblouit ;
Son œil est menaçant, et fière est sa moustache ;
Et son glaive imbibé de sang
Fume et s’énivre à la mort qu’il répand.
Et moi je me disais, témoin de ce carnage :
Ô douleur !
Car je songeais aux nœuds tissus de cœur à cœur,
Que ce glaive brisait dans sa brutale rage ;
Mais on me dit : En massacrant
Nombres sans nombre un guerrier devient grand !

Le héros, disait-on, était né pour la gloire,
Et son front
Était fait, jeune encore et vierge d’un affront,
Pour être couronné des mains de la victoire ;
Voilà soudain qu’un plomb fatal,
Le fait tomber de son char triomphal.

On le porta la nuit à son dernier asyle
Aux flambeaux,
Et puis pour honorer la cendre du héros
Des feux de peloton labourèrent l’argile.
Moi sur sa face je cherchais
La gloire… Et c’est l’horreur que j’y trouvais.

On racontait comment dans plus de cent batailles
Chef soldat,
Il illustra son nom ; comme au dernier combat
Il les sut conquérir ses nobles funérailles :
Je me disais : C’est affligeant !
Que de vains bruits pour gagner le néant !