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Page:Chatelain - Beautés de la poésie anglaise, tome 1, 1860.djvu/78

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Oh ! combien de soupirs entre nous échangeâmes,
Un baiser ! rien qu’un seul, et nous nous séparâmes.
J’appelle tous les jours la mort, mais c’est en vain,
Car, oh je suis bien jeune, et j’ai plus d’un demain !

Comme un revenant j’erre,—et bien peu me soucie
De filer ; c’est péché, qui, vrai, me supplicie
Que de penser à Jacque ;—oh ! pour Robin je veux
Demeurer brave femme ; il est si bon ce vieux !



Né le 20 Juillet 1808—Mort le 26 Janvier 1849.


Chant Funéraire.


Ce jour où nous vivons et qu’aujourd’hui l’on nomme
Est une pensée ;—et pour l’homme
Demain est une crainte ;—hier un repentir,
Un regret, un péché qu’on ne peut ressaisir ;
La vie est une mort où le corps est la tombe,
Où le souffle est prison, et s’élève et retombe.
Adonc des revenants ne prenez pas frayeur,
Car nous sommes les morts, je vous le dis, d’honneur !
Les vivants sont ici dans la voleuse terre
Très chaudement drapés dans leur suaire,
La mort vit d’un seul souffle en sa fragilité,
Elle accouche… et sa fille est l’immortalité ;
Et l’immortalité voilà la seule vie
Où le Créateur nous convie.
Ainsi mourir est vivre, et renaître au bonheur,
Car la vie est un songe, un songe sans valeur.
Donc tous tant que nous sommes,
Ne pleurons pas la vie, et montrons-nous des hommes !