De cette vaste bille
Où de chacun de nous vit l’humaine guenille
Quels sont-ils donc les supports ?… Rien !
De Rien est surgi ce bas monde,
Et ce qui grouille et vit sur la terre et sur l’onde
Tout est sorti… de Rien !
Il est nombre de gens d’une vertu si rare
Que les fautes d’autrui, voilà qui les effare ;
« Si vertueux ! » ainsi que Burns nous les fait voir,
« Qu’ils n’ont que du prochain à guigner le devoir »
Pour cette espèce là le barde ici raconte ;
Quand se perd le sermon, vient la place du conte.
L’illustre Frédéric de Prusse, ce grand Roi
Était au champ d’honneur la terreur et l’effroi
Des ennemis, c’était vraiment un trouble fête ;
Mais le combat fini, finissait la tempête ;
Et cet homme au combat un héros demi-Dieu
Trouvait plaisir causer au petit coin du feu ;
Et c’était à savoir, au dire de Voltaire,
Si ce guerrier vainqueur, si ce foudre de guerre,
Préférait au canon ce brillant cliquetis
Que fait la causerie en son langage exquis.
Comme un Athénien ce grand et vieux monarque,
Fût-ce au lit de la mort eut arrêté la parque
Pour causer avec elle au bord de son tombeau ;
Il rançonnait chacun pour avoir du nouveau,
Son esprit curieux, et sa verve féconde
Demandait « du nouveau ! n’en fut-il plus au monde ! »