Aller au contenu

Page:Chatelain - Rayons et reflets.djvu/21

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

toujours eu un goût très prononcé ; mais cette fois à la chasse sur une plus grande échelle. Il sonna donc pour une meute de chiens et une troupe de chasseurs, et incontinent il se mit en campagne avec toute sa suite. Il chassa tout le jour, si bien qu’à la fin du jour ses compagnons se trouvèrent tellement fatigués, que plutôt que de coutume, cette fois, ils tombèrent de sommeil, en sorte que, plutôt aussi, Tony se trouva livré à ses propres et seules ressources. Alors la pensée lui vint de prendre le plaisir d’une chasse aux flambeaux, mais lorsqu’il fut question de réunir son monde, il apprit que tous les chasseurs étaient allés se mettre au lit, et que les chiens eux-mêmes étaient assoupis dans leur chenil.

— Du diable ! s’écria Tony, qui les rend donc si avides de sommeil ? Ne pourraient-ils donc pas se tenir éveillés comme moi ?

Il oubliait que le colporteur avait fait devant lui semblable exclamation !

Tony très agité, sonna de nouveau pour une nouvelle meute, et une nouvelle troupe de chasseurs, et toute la nuit, il s’eu fut courir sus aux bêtes fauves de la forêt, et il ne rentra à son palais qu’au jour levé. Ainsi fit-il chaque jour et chaque nuit, plusieurs jours durant, à la fin cependant, malgré une santé de fer, cet incessant exercice finit par le fatiguer tellement que force, lui lut de rester sans sortir pendant plusieurs nuits. Il alors pour une nouvelle compagnie de gentilshommes de la chambre et de courtisans, afin qu’il y eût la unit comme le jour autour de lui des gens disposés à l’amuser ; mais même avec cette compagnie de rechange, il se trouva souvent peu amusé, les plus spirituels et les plus gais perdant de leur esprit et de leur gaîté après plusieurs heures consécutives de verve et d’entrain.

— Que ferai-je pour passer le temps ? pensa Tony un matin. Je puis faire ce que je veux, les vingt-quatre heures durant, je n’ai qu’à désirer pour obtenir, et ... . je ne sais quoi demander !...