Page:Chatelain - Rayons et reflets.djvu/366

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Oh ! fleuve ! oh ! jeune fleuve ! oh ! capricieux fleuve !
Qui te gonfles sans cesse, en suivant ton chemin,
Et rapide et strident, écrasant tout enfin
Et la rose et le roc, le cytise et l’airain
                  Comme la jeunesse trop neuve !

Fleuve ! oh ! fleuve à bords plein ! oh ! large et profond fleuve !
Ainsi que le vieux Temps tranquille, et cependant
Toujours en mouvement, toujours, toujours tendant
Vers l’océan sans borne, y marchant tout ardent
                  Comme l’homme cherchant l’épreuve !

Oh ! fleuve turbulent ! oh ! trop rapide fleuve !
Tu t’en vas maintenant, tu t’en vas à l’écueil.
Aussi vif, aussi prompt que le vif écureuil,
Ainsi que l’homme aussi court après le cercueil
                  En quête d’existence neuve !

“ Oh ! fleuve impétueux ! oh ! casse-cou de fleuve
Tu t’en vas en courant, tu t’en vas à la mer,
Un abîme insondé, dont le flot est amer,
Et que l’on peut nommer la porte de l’enfer…
                  Oh l’Espérance même est veuve !


――――
LE CHEVALIER DE CHATELAIN
À
Madame Pauline de * * *
En lui envoyant sa traduction du Poème de “ l’Esprit ” de
Charles Swain.


Du charme de l’Esprit rien n’égale la grâce,
C’est la beauté du cœur, beauté que rien n’efface,
        Ni le malheur, ni l’âge, ni le temps,
                Beauté toujours dans son printemps,
        Du vrai génie étincelle électrique,
                Son feu sacré se communique
        D’un pôle à l’autre ; il est plus d’un bon mot
Qui sur l’aile du vent, qui sur l’aile du flot,
Sans passeport aucun, s’en va faire la nique
À l’abus qui grossit, et même à la critique ;
Et va narguer les sots qui sous des noms divers
                Pullulent dans cet univers,