son teint ressemble à l’écarlate en graine[1],
et, je vous le donne pour très certain,
il avait un joli nez.
Ses cheveux, sa barbe étaient comme safran,
celle-ci lui descendait à la ceinture :
Ses souliers étaient en cuir de Cordoue ;
de Bruges étaient ses chausses brunes ;
sa robe était de ciclaton[2]
qui coûtait maint sol génois[3].
Il savait chasser les bêtes sauvages,
et sur son cheval aller voler en rivière[4],
un autour gris sur la main ;
avec cela il était bon archer,
a la lutte il n’avait pas son pair,
là où un bélier est le prix.
Maintes et maintes filles belles comme le jour
soupirent après lui dans leur chambre par amour,
à qui vaudrait mieux de dormir ;
mais il était chaste et non lécheur[5]
et suave comme la fleur d’églantier
qui porte la cenelle rouge.
Et ainsi il advint un jour,
en vérité je puis vous le dire,
que Sire Topaze voulut faire une chevauchée ;
il monta sur son coursier gris,
dans sa main une lance-zagaie[6],
une longue épée à son côté.
Il pique des deux par la forêt
où est mainte bête fauve,
oui-da, chevreuil et lièvre ;
et comme il piquait vers le nord et vers l’est,
- ↑ À la cochenille, i. e. il a le teint cramoisi.
- ↑ Riche étoffe orientale à dessins et brodée d’or ; doublet d’écarlate.
- ↑ Jane : petite monnaie génoise.
- ↑ La chasse au faucon se faisait surtout au bord de l’eau.
- ↑ Lécheur, au vieux sens de débauché.
- ↑ Ou zagaie, javeline mauresque, longue et mince.