Aller au contenu

Page:Chaupy - Découverte de la maison de campagne d’Horace, Tome 1.djvu/231

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
139
de Campagne d’Horace. I. Part.

un grand nombre d’eaux. On pouvoit y pratiquer à chaque pas des Bains chauffés par les Mains même de la Nature, qui avoient la rare proprieté de n’être pas moins utiles à la ſanté, que propres à la volupté. Telle eſt la qualité caractériſtique de Baïes.

L’épithéte d’Horace, qui y a un trait ſi marqué, eſt d’autant plus belle, qu’en même tems, qu’elle peint ce lieu d’après Nature, elle le repreſente ſous le point de vue, qui le rendoit le plus intéréſſant. Elle exprime juſtement ce qui attira les Romains, ce qui les engagea à venir l’habiter, & par conſéquent, à le batir, & à l’orner.


LXXIX. Les prémiers Romains negligerent ce lieu de délices.

La choſe n’arriva pas cependant ſi tot. Les premiers Romains ne connoiſſant d’autre felicité que celle de l’Empire, n’étoient ſenſibles qu’à ce qui étoit capable de le leur procurer. Les plus durs exercices Militaires étoient leurs recréations ; leurs Villégiatures étoient les lieux, où il leur importoit d’aller porter 1’effroi. Leur bain étoit leur Tibre, qu’ils paſſoient à la nage, non moins tout tranſis de froid au plus fort de l’hyver, que degoutans de ſueur au ſortir du Champ-de-Mars au milieu de l’Été. Mais ce tems ne devoit pas toujours durer. Les Guerres, que le nombre, ou la qualité