Vrai a je ne ſais quoi de plus agréable lorſqu’il se montre revetu de quelque riant mensonge[1], ou par celle alléguée par le Taſſe ; qu’on doit préſenter aux hommes l’auſtère Vérité comme on fait les médécines amères aux Enfans dans des vaſes qui attirent par quelque trompeuſe douceur[2]. Il est manifeſte que la première de ces maximes n’eſt vraie que chez les Poëtes dont elle favoriſe l’imagination ; & que la ſeconde donne une idée trop baſſe de l’Homme pour n’etre point fauſſe.
Si le Poëte Latin au contraire enſeigne la Vertu, c’eſt à découvert. Il ne lui cherche d’autre force que celle qu’elle tire d’elle même. Son principe ne peut qu’être : qu’il y a entre elle & l’homme
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Βροτων φρενα
Ὑπὲρ τόν ἀληθῆ λόγον
Δεδαιδαλιμένος ψευδεσι ποιϰίλοις
Εξαπατῶντι μῦθοι. Pind. od. I. - ↑
Muſa tu perdona
S’inteſſo fregi al ver, s’adorno in parte
D’altri diletti, che de’ tuoi le Carte.
Così a l’egro fanciul porgiamo aſperſi
Di ſoave licor gli orli del vaſo
Suchi amari in tanto ei beve,
E da l’inganno ſuo vita riceve.
Torq. Taſſo Gieruſ. liber. Cant. I.