seul contradicteur, le projet, conçu et réalisé par le gouvernement de l’Inde en 1852, constitue une œuvre de justice et d’humanité ; mais il a fallu, pour l’accomplir, toute la volonté d’un cœur bienveillant, jointe à une rare sagacité et à une hauteur de vues incomparables. Toucher à la tradition consacrée par des siècles, porter la main sur une législation affirmée par les traités, était une tentative très-audacieuse et très-aléatoire.
Ce que les rois indiens n’avaient aucun intérêt à faire, ce qu’aucun gouverneur, avant lui, n’avait osé essayer de peur de n’y pas réussir peut-être, l’amiral de Verninac l’a réalisé en apportant dans ses efforts la ténacité d’un homme qui n’hésite point à risquer sa réputation pour laisser après lui un peu de bien.
Je viens de dire que les efforts avaient été tenaces, et ceci est bien vrai, puisque, au premier bruit qui se répandit d’un remaniement aussi radical, la plupart le déclarèrent impossible, insensé, et décernèrent à son auteur l’épithète de révolutionnaire, que j’eus l’honneur de partager avec lui, en ma qualité de publiciste.
Ces sentiments changèrent bientôt, et je dois rendre cette justice à l’amiral, c’est qu’il n’imposa à personne sa conviction et qu’il employa les moyens de persuasion de préférence à tous autres. Étant donnés les pouvoirs presque absolus dont sont investis les gouverneurs, il pouvait dicter des ordres ; tout le monde s’y serait soumis sans les discuter. Il agit sagement en faisant de