La cour et les tribunaux reprennent leurs travaux au mois de mars. La rentrée s’accomplit avec une grande pompe, dans un vaste édifice situé au bord de la mer, sur la limite du cours Chabrol. Le gouverneur y assiste avec son état-major et l’élite des fonctionnaires. La population indigène, dans ses habits de gala, se presse à ces solennités de la justice.
C’est dans une de ces cérémonies qu’en écoutant le procureur général, qui avait pris pour texte de son discours le livre de Manou, j’ai pu comprendre tout ce que notre civilisation européenne doit à celle de l’Asie.
Lorsque la Grèce et Rome s’organisaient, les sages, ces grands citoyens à qui incombait la mission de fixer par des principes les destinées de leur pays, allèrent partout cherchant les traditions du passé, cette sagesse accumulée par les siècles. Ils fouillèrent surtout l’Égypte et l’Inde, et en revinrent chargés d’une abondante moisson.
Les lois des Douze Tables, résume concret de la législation primitive de Rome, qui, gravé sur l’airain et précieusement gardé au Forum, survécut à tous les bouleversements et ne disparut de la grande cité qu’emporté par l’invasion des barbares, portaient en plus d’un endroit la trace de cette origine et de ces nombreux emprunts.
Manou vivait douze cents ans environ avant l’ère chrétienne. Son livre, dont un éloquent orateur nous