Aller au contenu

Page:Chazel - Le Chalet des sapins, 1875.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

8
le chalet des sapins

aussitôt sa voix, à la fois inquiet et heureux de nous trouver l’imagination si impressionnable.

Depuis notre arrivée dans la vallée du Nideck, c’était notre éducation qui lui prenait le meilleur de son temps. La tâche n’était quelquefois pas plus aisée pour les élèves que pour le maître. Mon père professait là-dessus des maximes un peu militaires, sur lesquelles notre sœur Marguerite n’avait jamais réussi à lui faire entendre raison.

Bien que plus jeune que moi de deux ans, grâce à sa douceur angélique, à sa raison précoce, notre sœur Marguerite avait pris sur notre père une sorte d’ascendant supérieur à celui qu’autorisait son âge.

« Si tu ne ressemblais pas tant à ta mère, si tu n’avais pas sa voix, à ce point que quand tu parles je crois l’entendre, et si tu n’étais pas si bonne et si sage au fond, comme je t’enverrais promener avec tes observations sur le genre d’éducation qu’il convient de donner à des garçons ! Cela serait joli si je t’écoutais ! Sachez, mademoiselle, que pour aller à l’eau il faut savoir nager, et que pour leur apprendre à nager le meilleur est encore de jeter les poltrons en plein courant, quitte à leur tendre la perche quand on