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Page:Chazel - Le Chalet des sapins, 1875.djvu/21

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le chalet des sapins

les voit trop barboter. Rapporte-t’en à moi ; s’ils ne se tirent pas d’affaire du premier coup, au deuxième essai tout ira bien. »

Il est bon de dire que j’avais à l’époque où commence ce récit quatorze ans ; Marguerite en avait douze ; Maurice marchait et plus souvent courait sur sept ans.

Et quand Marguerite se récriait sur ce qu’ont de trop sommaires de pareils procédés :

« Je ne te les applique pas, lui disait-il ; de quoi te plains-tu ? Tu es venue au monde tout élevée, toi, et tout exprès pour remplacer ta pauvre mère dans la maison ; fais ton affaire, mais laisse-moi faire la mienne à ma façon. »

Le rêve de notre père était de faire de moi et de mon frère deux petits hommes alertes et courageux, deux lurons, disait-il, et en même temps deux savants, façonnés de bonne heure aux choses du corps comme aux choses de l’esprit, capables de digérer cinq ou six problèmes sans migraine et de sortir de l’eau par tous les temps, fût-ce après y être tombés, sans éternuer.

L’hiver comme l’été, si nous nous couchions avec les poules, nous nous levions avec les coqs ; peu s’en fallait que ce ne fût la basse-cour qui pour nous marquât les heures. J’ai vu dans ce