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Page:Chazel - Le Chalet des sapins, 1875.djvu/25

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le chalet des sapins

allaient bien, comme ses yeux brillaient de plaisir, quelles belles couleurs animaient ses joues, comme elle était radieuse et fière de son petit gouvernement, et quelle joie, la tâche finie, de déposer son sceptre, pour s’en venir avec nous sans plus de cérémonie jouer au colin maillard ou au chat perché !

Ce n’était pas petite affaire pourtant que d’être la petite maman de deux écervelés tels que nous. La pauvre Marguerite n’avait pas toujours à compter sur l’appui de notre père : je vous ai dit qu’une fois nos leçons expédiées, nous devenions libres de nos mouvements comme jamais écoliers en vacances ne l’ont été. Aussi longtemps que nos escapades avaient pour théâtre le jardin et qu’elle n’avait à craindre pour nous qu’un bain de pieds dans le petit lac ou une dégringolade du haut de la Montagne rouge, Marguerite respirait à l’aise ; mais quand, malgré ses prières, nous nous avisions de partir sans tambour ni trompette pour une expédition dans la vallée et dans la forêt, voilà que des inquiétudes terribles la prenaient. Elle courait à mon père et le suppliait d’intervenir. Mais lui, tout en riant :

« À qui la faute, Margot ? Si tu veux garder ces moineaux-là, je te conseille de faire comme