Page:Chefs-d’œuvre de Lord Byron, trad. A. Regnault, tome II, 1874.djvu/47

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V


Brûlez aussi sa ville ! »À ce commandement,
Chacun prend une torche, et prompte à la parole,
Du porche au minaret la flamme au loin s’étend ;
Du minaret au porche au loin la flamme vole.
Une farouche joie en l’œil du chef jaillit,
Mais l’éclair fugitif bientôt s’évanouit,
Car un cri féminin à son oreille sonne,
Et comme un glas de mort a pénétré son cœur
Qui, dur comme l’airain quand la bataille tonne,
Semble ici s’attendrir dans sa secrète horreur.
« Oh ! brûlez le harem, mais gardez, sur vos têtes,
D’outrager une femme, ayant femmes aussi ;
Sachez de ma vengeance éviter les tempêtes.
C’est à vous de tuer l’homme notre ennemi ;
Nous devons épargner une faible victime.
Nous l’avons toujours fait. Ah ! j’avais oublié…
Mais le ciel ne saurait nous pardonner ce crime,
Par un courroux vengeur, il serait châtié,
Si je faisais périr ce sexe sans défense.
Me suive qui voudra ; moi je cours de ce pas.
Nous nous allégerons au moins la conscience
D’un forfait inutile et de vils attentats. »
Il gravit le degré qui craque et qui chancelle,
Rompt les portes ; son pied n’a pas du sol brûlant