Page:Chefs-d’œuvre de Lord Byron, trad. A. Regnault, tome II, 1874.djvu/48

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Senti l’embrasement et la vive étincelle.
D’une noire fumée un tourbillon roulant
Dans ses replis épais l’enveloppe et l’enserre.
Pourtant de chambre en chambre il se force un chemin.
On cherche, on trouve, on sauve ; alors chaque corsaire
Prend, emporte sa prise avec sa forte main ;
D’une femme avec tact il respecte les charmes
Et calme avec douceur ses cris et ses alarmes,
Et, soutenant le poids de la frêle beauté,
Lui prodigue ses soins ; elle a droit d’y prétendre,
Tant Conrad sait si bien, avec sa dignité,
Apprivoiser le tigre et le rendre plus tendre,
Et réprimer la main de sang tout ruisselante.
Mais quelle est cette femme emportée en ses bras
Des débris embrasés, du combat, palpitante ?
C’est l’idole du Turc dont il veut le trépas,
C’est de tout le harem la reine triomphante,
Mais toujours de Seyd l’esclave obéissante.

VI


Pour saluer Gulnare à peine un seul instant
Un mot reste à Conrad pour calmer ses alarmes,
Car dans ce court repos qui se dérobe aux armes,
L’ennemi qui fuyait au loin, bien en avant,
Avec surprise a vu sa trace non suivie.