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dans sa bouche
« comme le chameau richement caparaçonné boit à même le redir[nde 1] ;
« son étreinte et la fraîcheur de sa bouche
« me donnent une langueur qui fait pénétrer la mort jusque dans la moelle de mes os. »

Le baiser doit être sonore. Son bruit, léger et prolongé, prendra naissance entre la langue et le bord du palais lubrifiés par la salive. Il se produira par le mouvement de la langue dans l’intérieur de la bouche, en même temps que par le déplacement de la salive, que provoquera la succion.

Le baiser qui est donné sur la partie extérieure des lèvres et qui produit un son bruyant analogue à celui par lequel on appelle les chats, ne procure aucun plaisir. Il convient seulement pour baiser les enfants et les mains.

Quant au baiser particulier au coït et dans lequel on puise une volupté parfaite, c’est celui que j’ai décrit ci-dessus. C’est à toi à saisir la différence.

On dit vulgairement :

« Un baiser humide
« Vaut mieux qu’un coït précipité. »

J’ai composé sur ce sujet les vers que voici :

  1. (h) Note de l’éditeur. Le redir est un réservoir naturel, creusé par les eaux au milieu des plaines des régions chaudes et dans lequel s’amasse l’eau de pluie. C’est une ressource précieuse pour les nomades.