Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/104

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plus ; il avait des attitudes et des colères d’océan. Le marquis revint à la même heure, l’air aussi maussade, aussi déconfit que la veille, pestant contre la bise aussi énergiquement qu’il avait protesté contre la pluie. Il ne put parler d’autre chose, et il tapota de nouveau le baromètre, mais cette fois pour le faire descendre.

« L’imbécile a trop monté, murmura-t-il.

— Il n’aura pas compris ce que vous lui demandiez, fit Horace.

— Maître gouailleur, je ne suis pas d’humeur à plaisanter, répliqua-t-il, et je me sauve. »

Horace tenta vainement de le faire rester, il gagna la porte et l’escalier ; mais son neveu le suivit et, s’emparant de son bras, se déclara résolu à le reconduire jusqu’à son hôtel. Il espérait le faire parler en chemin d’autre chose que de la bise. Ils n’avaient pas fait cinquante pas lorsqu’ils virent arriver une voiture qui allait bon train, comme pour échapper à l’ouragan, et dans laquelle se trouvaient Mme Véretz et sa fille. Ces dames revenaient d’entendre la messe à Lausanne, où l’on peut l’entendre depuis qu’il y a une église catholique sur la Riponne.

Au moment où l’on allait se croiser, Mme Véretz, qui n’avait jamais les yeux au talon, donna un