Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/242

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dossier, elle s’en passait. Elle croquait des noisettes, qu’elle cassait entre deux cailloux, et elle admirait le paysage. Par instants, elle grattait la bruyère défleurie avec le bout de son pied, et, comme précédemment, elle se disait :

« Si pourtant… oui, s’il arrivait par miracle qu’en creusant la terre du pied, il en sortit ?… »

Quoi donc ? Elle ne le disait pas, son sourire achevait sa phrase. Hélas ! le petit pied avait beau gratter, la terre était sourde à son désir, il n’en sortait rien ni personne.

En ce moment, M. Drommel était bien loin de se souvenir qu’elle existât. Il continuait de prendre ses notes, et, selon sa coutume en écrivant, il pinçait entre son pouce et son index la coquille de son oreille gauche, il la chiffonnait, la tiraillait en tous sens, l’allongeait indéfiniment ; c’était sa manière de s’inspirer. Mme Drommel regardait par intervalles cette oreille énorme, qui était du plus beau rouge, et des visions de chauves-souris passaient devant ses yeux. Après cela, elle contemplait le plaid à carreaux, le panier qu’elle avait porté et dont elle sentait encore le poids à son bras, puis le grand vide du ciel, où elle croyait voir courir une belle calèche, bien moelleuse, dans laquelle il y avait quelqu’un qui la regardait. L’instant