Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/55

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Elle assure que c’est tout simplement une ambitieuse, voire une intrigante, et que son rêve… Là, es-tu bien sûr que cette femme ne soit pas de la race des habiles ? Es-tu bien sûr qu’elle s’intéresse sincèrement, passionnément aux exploits des Pharaons et au dieu Anubis, conducteur des âmes ? Es-tu bien sûr que les petits moyens ne produisent pas quelquefois de grands effets et qu’elle n’ait pas joué là-bas, dans le caveau de Ti, qui n’était pas roi, mais baron, une petite comédie dont un égyptologue de ma connaissance a été la dupe ? J’imagine, quant à moi, que le beau garçon que voici, eût-il le nez de travers, les yeux ternes et le regard louche, Mme Corneuil l’aimerait encore, par l’excellente raison que Mme Corneuil a mis dans son bonnet de s’appeler un jour comtesse de Penneville.

— Vraiment, vous me faites pitié, mon oncle, et je suis bien bon de vous répondre. Prêter de misérables calculs d’intérêt et de vanité à une pareille femme, à l’âme la plus fière, la plus noble, la plus pure ! Tenez, vous devriez rougir de vous abuser à ce point. Elle m’a raconté toute sa vie, jour par jour, heure par heure. Dieu sait qu’elle n’a rien à cacher ! Pauvre sainte créature, mariée toute jeune et malgré elle, par la tyrannie de son père, à un