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NOTRE-DAME-LA-GRANDE.

des monuments historiques à se montrer empressée dans sa générosité.

Au XVe siècle, nos pères, ne pouvant se défendre de l’enthousiasme que leur avait causé la protection de la Mère de Dieu et des saints patrons auxquels ils devaient le salut de la cité, avaient soudé à la façade de l’église Notre-Dame, de chaque côté de la fenêtre du milieu, deux niches surmontées de dais aux pinacles flamboyants se terminant par des culs-de-lampe ornés de la pomme de pin classique et des feuilles d’acanthe en volutes. (Nous les avons vus au musée des Antiquités de l’Ouest.)

Ces niches renfermaient les statues de saint Hilaire et de sainte Radégonde, et au milieu, un dais plus riche encore abritait la statue de la Vierge.

Depuis longtemps les statues avaient disparu, mais les niches étaient demeurées vides, et elles altéraient d’une façon fort triste le caractère si complet, sans elles, de l’édifice.

La Commission des monuments historiques, en décidant la suppression de ces niches et la restauration de la fenêtre, a restitué à cette façade son aspect harmonieux et a fait disparaître fort sagement les éléments disparates qui pouvaient induire en erreur les visiteurs peu habitués à lire couramment dans ces livres des architectes du moyen âge.

Cette restauration, justifiée par un examen approfondi des restes que le XVe siècle semblait avoir laissés pour nous servir de guides sûrs dans notre œuvre délicate, a justifié à son tour l’opinion que nous avions soutenue au congrès de 1843 et dans une discussion archéologique avec l’honorable et savant M. Didron, secrétaire du Comité des arts et monuments.

Cet auteur distingué croyait que la façade de l’église Notre-Dame de Poitiers était autrefois percée d’un simple oculus, et que la ligne de statues qui décore le second rang de sculptures se prolongeait dans toute l’étendue de la façade. C’était même d’après ce système, partagé par M. Thiollet, artiste fort estimable, que le Comité des