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SAINT-HILAIRE-LE-GRAND.

Tison, et se continuant le long de l’enceinte de la ville jusqu’à Pont-Achard.

Ce Chapitre était exempt des droits de forges exercés par le seigneur du fief d’Anguitard (v. ce mot, p. 239), et Louis XI avait défendu, par respect pour les précieuses reliques de saint Hilaire, que les criminels passassent sur le territoire du bourg.

Tous ces priviléges s’expliquent, lorsqu’on sait que les comtes de Poitou furent, dès l’origine, abbés de Saint-Hilaire, et que les rois de France héritèrent de ce titre en prenant celui de comtes de Poitou. C’est ce qui faisait tenir par les gabeurs du temps un propos fort peu gracieux pour l’honneur de la reine et du roi, si ce propos eût été autre chose qu’un méchant jeu de mots.

Lorsque les comtes de Poitiers se faisaient installer abbés de Saint-Hilaire, l’archevêque de Bordeaux et l’évêque de Poitiers mettaient entre leurs mains une lance et un étendard. Ce cérémonial fut pratiqué à l’égard de Richard Cœur-de-Lion. C’étaient, il faut l’avouer, des insignes fort peu abbatiaux, mais ils suffisaient bien à un abbé plus accoutumé aux joutes des tournois et aux batailles qu’à la récitation des heures canoniales.

Plus tard, lorsque les rois de France vinrent visiter l’abbaye, ils reçurent en y entrant, des mains du trésorier, chef du Chapitre, le surplis, l’aumusse et la chape, insignes de leur dignité. Cette cérémonie singulière eut lieu à l’occasion de la visite des rois Charles VII (1453), Henri III (1577), Henri IV (1602), Louis XIII (1614), et Louis XIV (1650). Ce dernier, étant mineur, ne fit pas le serment d’usage de maintenir les priviléges du Chapitre.

Par imitation sans doute, les principaux barons du Poitou, les seigneurs de Lusignan, Parthenay, Châtellerault et Couhé, tinrent à honneur de se faire recevoir chanoines honoraires de Saint-Hilaire, et ils assistaient à l’office vêtus de la soutane, du surplis et de l’aumusse, comme les titulaires. Les murs de l’église et les mandements du Chapitre étaient décorés des armes de France unies à celles du Saint-Siége. — Avant l’adoption de